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appris qu’un être humain peut désirer avec passion, avec folie, la mort d’un autre ».

Il y eut une autre femme dans la vie de Tchaïkovski, et ce fut une histoire bien extraordinaire.

Nadejda von Meck était restée veuve de bonne heure, avec un certain nombre d’enfants et une fortune immense. Passionnée de musique, elle prisait particulièrement celle de Tchaïkovski. Elle lui écrivit, mais ce ne fut pas simplement une de ces innombrables lettres de femmes dont s’encombre le courrier de tout homme qui jouit de quelque notoriété. Une amitié solide, qui pouvait bien être de l’amour chez Nadejda, lia bientôt ces deux êtres. Amitié qui dura de nombreuses années et qui s’exprimait en des lettres fréquentes. L’étrange, c’est qu’ils ne se virent jamais, sauf une fois que leurs voitures se croisèrent rapidement et par accident. Nadejda veillait de loin sur son musicien ; elle l’entourait de soins et elle lui fournit assez d’argent pour lui assurer l’indépendance financière.

Elle l’invitait dans son grand domaine et il y faisait des séjours prolongés, servi par une foule de domestiques. Mais elle-même avait grand soin de s’éloigner alors pour ne pas le rencontrer. Un véritable conte de fée.

Tchaïkovski se maria, alors que duraient encore ces étranges relations et l’on a lieu de croire que Nadejda en ressentit une peine profonde. Mais, s’apercevant bientôt que son musicien était malheureux, elle lui redonna tout son cœur et la correspondance reprit plus que jamais.

Désemparé par la vie, Tchaïkovski se reposait sur Mme von Meck du soin de diriger son existence. Un jour, à la veille de s’embarquer pour New-York