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réalisé son projet, peu de pièces obtinrent, au xxe siècle, un succès aussi considérable que Rain.

— Ne quittons pas les écrivains sans dire un mot d’Edgar Wallace, cet auteur si fécond de drames et de romans policiers. On sait qu’il écrivit une nouvelle de 40,000 mots en 36 heures (sur des blancs de télégrammes) et tout un roman en moins d’une semaine. Mais voici où il se dépassa. Son représentant américain devait apporter de Londres à New-York le manuscrit d’une nouvelle pièce qu’un directeur attendait, pour l’ouverture de sa saison, dans la métropole américaine. Il devait s’embarquer le samedi matin. Or, le jeudi, la pièce n’était pas commencée. Il voulait au moins emporter un scénario. « Ne vous inquiétez pas, dit Edgar Wallace, tout ira bien ». Le samedi matin, en effet, le représentant partait, avec le manuscrit définitif d’une pièce en trois actes.

— Le poète Swinburne était un écrivain plus sérieux. Aussi sa gloire ne fait-elle qu’augmenter tandis qu’Edgar Wallace, à peine mort, est déjà bien oublié.

Pour en arriver à vous raconter que Swinburne avait passé une longue soirée, chez des amis, à lire les quatre premiers actes de son drame, La Duchesse de Malfi. Exténué, autant que ses auditeurs au moins, il mit son manteau et sortit de la maison ; mais pour y rentrer aussitôt en coup de vent. « Il faut tuer la duchesse avant de nous coucher ! » annonça-t-il. Et il lut le cinquième acte.

— Forbes-Robertson jouait Roméo et Juliette avec Modjeska. À la fin de la fameuse scène du balcon, Roméo constate qu’un mauvais plaisant a retiré l’échelle, grâce à laquelle il devait s’enfuir de