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pence. L’administrateur ne se faisait pas faute de reporter ces petites sommes sur la facture de l’année suivante. Quand Forbes-Robertson se retira définitivement du théâtre, il fit un chèque en omettant le demi-penny que comportait la facture. Tirant une pièce de cuivre de sa poche, il le remit à Burton, en disant : « Celui-ci, tu ne pourras pas le mettre sur la facture de l’an prochain ».

Dans le même ordre d’idées, rappelons cette anecdote où Horatio Bottomley, directeur du journal John Bull, joua un rôle. L’administrateur du journal s’aperçut un jour que le garçon de bureau, depuis des mois, volait des timbres-poste. Tout indigné, il alla raconter la chose au patron qui répondit : « Allons, mon vieux ! Rappelons-nous que, nous aussi, nous avons débuté bien modestement ».

— Sir Ernest Shackleton, raconte toujours notre auteur, va voir une grande dame, qui se lance incontinent dans l’éloge dithyrambique du dernier ouvrage publié par l’explorateur. Celui-ci proteste avec modestie, ajoutant toutefois : « Un passage, cependant, me paraît assez bien ». Il saisit le livre qui se trouvait sur une table à portée de sa main afin de retrouver ce passage : la dame n’en avait pas coupé une seule page !

— La modestie des bons écrivains est souvent réelle. C’est ainsi que Somerset Maugham, un des meilleurs dramaturges et romanciers anglais d’avant-guerre (qui continue du reste à produire d’excellentes œuvres), se récriait énergiquement quand John D. Williams lui demandait la permission d’adapter à la scène sa nouvelle intitulée : Rain. « Il n’y a pas la matière d’une pièce de théâtre, là-dedans », disait-il. Or, quand Williams eut