Page:Daviault - Histoires, légendes, destins, 1945.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour le crime de lèse-majesté. Ce qui eut lieu le 22 février 1563.

« Tout ce que demanda ce brave cavalier fut, avant de gravir les degrés de l’échafaud, qu’on lui apportât, une fois dernière, les Hymnes de son maître et ami Pierre de Ronsard. Et là, sans que le courage lui faiblît, il entonna, d’une voix à peine tremblante l’invocation funèbre à la mort : C’est une grande déesse… » Sa lecture achevée, « se tournant vers le lieu où il pensait que la reine fût », il s’écria bien haut : « Adieu, la plus belle et la plus cruelle princesse du monde, adieu ! » Comme l’écrivit Brantôme, « d’avoir voulu s’attaquer à un si haut soleil, Chastelard s’y perdit comme Phaéton ».

Mlle Serment était une provinciale de beaucoup de culture venue à Paris pour se répandre dans le monde des beaux esprits. Comme sa bonne étoile la suivait partout, elle eut bientôt une entrevue avec le grand Corneille, pour qui elle nourrissait une admiration passionnée. Mlle Serment fut si troublée de cet honneur qu’elle se laissa choir aux pieds du grand poète et lui embrassa la main. Le lendemain, elle recevait de Corneille ce joli madrigal :

Mes deux mains à l’envi se disputent de leur gloire,
Et dans leurs sentiments jaloux,
Je ne sais ce que j’en dois croire.
Phyllis, je m’en rapporte à vous ;
Réglez mon amour par le vôtre.
Vous savez leurs honneurs divers :
La droite a mis au jour un million de vers ;