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Pauvre Josephte ! Elle sembla méconnaissable à Michel. Sa mince figure ressortait toute tirée, d’un ton gris de cendre du fond de ses oreillers. Ses yeux creusés étaient fermés. Un souffle à peine perceptible soulevait sa poitrine. Une petite morte eut moins impressionné le garçonnet que ce visage livide. Le médecin fit signe à Michel d’approcher. Tout bas, il lui recommanda d’appeler doucement la malade de temps à autre, de tenir et de presser sa main gauche. La droite reposait déjà dans la sienne. Le médecin repoussa soudain les dentelles du poignet, voulant pratiquer dans le petit bras une piqûre tonifiante. Hé ! il importerait alors qu’au regain de vie obtenu, la vision de Michel vînt y ajouter un élément… victorieux peut-être ! Il le dit à l’enfant.

Le médicament agit lentement… Enfin Josephte ouvrit les yeux. Son regard erra autour d’elle. Il se fixa bientôt sur Michel qui se mit à lui parler doucement, tendrement.

« Josephte, murmurait-il, je suis là, moi, Michel… Dis, tu me reconnais… Josephte, tu ne vas pas nous quitter… Non, non, je reste près de toi… Je te garderai, va ! »

— Michel, souffla tout à coup la fillette, oui… tu es là ! Je… te… vois… Je suis… bien… malade… va !

— Il faut guérir.

— Je ne sais pas… je ne sais pas… Pourquoi ?

— Mais parce qu’on t’aime, Josephte.