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compagnie de M. Perrault jusqu’aux casernes, Michel se mit docilement aux côtés de celui-ci. M. Perrault avait attentivement écouté les réponses du garçonnet au soldat, mais sans les comprendre, car il connaissait fort peu l’anglais. Son regard ne tomba pas une seule fois sur l’enfant. La tête restait droite, son front hautain, ses yeux remplis de rage. Il marcha à la suite de Michel et des soldats, sans desserrer les lèvres, tentant, à la dérobée, de remettre un peu d’ordre dans sa tenue. Mais la boue, quoi qu’il fît, collait de façon lamentable à ses vêtements, sa boucle Lavallière n’était qu’une loque, ses gants avaient disparu et son chapeau haut de forme bosselé, troué apparaissait une chose informe, ridicule. Les passants, surpris, regardaient passer ce groupe étrange. Mais aucun ne semblait reconnaître le correct M. Perrault en ce vieux monsieur qui allait tête basse, le col relevé, le chapeau enfoncé jusqu’aux yeux. Le malheureux père de Mathilde buvait vraiment un calice d’humiliation inconnu jusqu’ici.

Aux casernes, l’entrevue fut de courte durée. Un des officiers qui entrait en même temps que M. Perrault et ses compagnons, reconnut le père de Mathilde et accourut à son aide. Aidé du témoignage de Michel, il put le tirer de ce mauvais pas. Il offrit ses services au sortir de la petite enquête. Il voulut prêter un paletot et