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les routes de Sorel à Saint-Hilaire, et qui n’étaient pas tous sobres et doux, tant s’en faut, ne les malmenassent pas, ne les enfermassent pas, non plus, en quelque coin de camp misérables ; Josephte devinait les préoccupations de Michel. Elle le suivait partout. Elle ne le quittait que le soir, pour aller dormir auprès de Sophie. Elle parlait peu cependant, un oiseau tombé du nid, et qui regarde, un peu épouvanté, tout ce qui l’entoure, tout ce qui lui semble devenu énorme, et plein de mystérieux dangers.

Le premier décembre au matin, vers six heures à peine, les enfants regardant au dehors, constataient qu’une gelée blanche couvrait la pelouse du jardin. Le ciel se levait sombre le vent sifflait, lugubre, dans la vaste cheminée, à deux pas d’eux. Tout à coup des éclats de voix se firent entendre dans la pièce voisine. Les lamentations de Sophie s’entendirent, assez vie étouffées, toutefois. Michel, un doigt sur la bouche, et suivi de Josephte, se dirigea vers l’endroit d’où partait les voix. Il entr’ouvrit sans bruit la porte et prêta l’oreille.

« Allons, Sophie, remettez-vous, disait une voix d’homme que les enfants ne reconnurent