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Mathilde se leva. Elle vint se glisser à genoux près du fauteuil de son père. Elle le regarda les yeux pleins de larmes : « Mon père, dit-elle, ayez pitié de moi. En ce moment, je souffre tant. N’ajoutez pas à mon chagrin. Consentez à ce que je veille sur la petite cousine Josephte. Vous le savez bien que j’y suis décidée de façon irrévocable… D’ailleurs, avec les revenus qu’elle possède, nous pourrions aller vivre au couvent toutes deux… Me laisseriez-vous vous quitter ?… Je le ferai pourtant la mort dans l’âme… Cher Père, écoutez-moi… ne persistez pas dans votre refus… Vous m’aimez bien un peu, pourtant… »

M. Perrault se leva. Il arpenta la pièce. Les mains se serraient derrière son dos. Il luttait évidemment. Et ce n’eût été de cet argent dont disposerait sa fille en faveur de la petite fille et de la maison, il se fût montré inflexible, devant la demande touchante de sa fille.

Mathilde était demeurée près du fauteuil. Elle pleurait sans bruit, énervée, lasse, bien lasse d’avoir à lutter constamment contre la volonté paternelle, si dure, si impitoyable.

— Eh bien ! soit, Mathilde, l’hiver, je vais patienter. Mais au printemps…

Mathilde se releva en soupirant. Le plus difficile restait à obtenir. Il y avait le petit Michel, dont l’éloignement, en ce moment, mettrait peut-être la vie de Josephte en danger.