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voyons, ma petite fille chérie, on n’épouse pas un mourant… Ne vous ai-je pas rendu votre parole, d’ailleurs ? Si je n’avais jugé mon état sans espoir, l’aurais-je fait, vous qui êtes mon soleil, ma joie, le cœur de mon cœur !

— Je ne vous ai pas rendu votre parole.

— Par délicatesse. Oui, oui, vous vous êtes tue, ma chérie, pour ne pas me chagriner. Mais votre silence acquiesçait tout de même.

— Pas du tout. C’est parce que j’entendais bien vous épouser, vous me comprenez, n’est-ce pas, vous épouser, au sortir de l’enfer où vous étiez. Et maintenant… le plus tôt sera le mieux. Car que dira le monde, que vous évoquiez vous-même tout à l’heure, de me voir rôder sans cesse autour de vous et de votre maison ?… Elle pourrait si bien être la mienne… Mais… comme vous êtes songeur tout à coup. Qu’y a-t-il encore, Olivier ?

— Je me demande si je ne rêve pas tout ceci… Quoi, vous vous êtes mis dans la tête de m’épouser, Mathilde… Moi ! Ce n’est pas vrai, voyons, ce ne peut-être vrai ?

— Au contraire. Et c’est tout de suite que vous allez m’obéir… Je ne quitte plus cette maison… Vous m’entendez ? Oh ! roulez, roulez des yeux sévères ! Peu me chaut, allez !

— Je vous en prie, Mathilde, écoutez-moi…