— Votre confiance me charme sans me convaincre.
— Ça m’est égal, votre délicate ironie.
— Oh ! je vous suis reconnaissant aussi. Mais je ne tiens plus à la vie… J’ai trop souffert dans tout mon être, physique, moral, intellectuel… que sais-je ?
— Des phrases sonores que tout cela.
— Si vous voulez… Tenez, je cède. Je ne sais même plus vouloir.
— Pourtant, vous vouliez quelque chose tout à l’heure. Vous parliez de me gagner à votre cause.
— J’aimerais à causer avec mon ami le notaire Joseph Migneault.
— Demain, demain seulement.
— J’aurais voulu battre le fer quand il est chaud.
— Hé ! hé ! Nous sommes en juillet, mon ami, rien ne se refroidit par ces temps de canicule.
— Vous êtes impitoyable, docteur.
— Comment ? Je vous permets de vous lever cet après-midi, de vous reposer sur la galerie, étendu dans votre chaise longue. Vous allez recevoir deux visites : celles de M. le curé et du Dr Duvert… et vous me trouvez dur… Quelle ingratitude !
— Vous avez raison, docteur, j’admets votre bonté… Mais après-demain, il faudra se rendre à mon désir.
— Certes ! J’irai moi-même avertir ce bon Joseph Migneault. Mais dites, Olivier, vous êtes donc résolu à vendre votre terre ?