Page:Daveluy - Michel et Josephte dans la tourmente, paru dans Oiseau Bleu, 1938-1939.djvu/193

Cette page a été validée par deux contributeurs.

un peu distante. Vis-à-vis de Michel, elle demeurait la même, affectueuse et admirative. La volonté du petit garçon et sa hardiesse la ravissaient toujours. Le matin où on lui avait appris la mort de M. Perrault, elle avait demandé à sa cousine Mathilde, qui avait les yeux pleins de larmes, en le lui annonçant : « Cousine, ne pleurez pas. Il ira au ciel, votre vieux papa, et n’osera plus être de mauvaise humeur avec les anges…

— Chut ! enfant, avait répondu la jeune fille, qui s’était prise malgré elle à sourire.

— Est-ce que c’est mal, cousine, d’être à la fois contente et triste de la mort de quelqu’un ?

— Cela dépend, petite… Il est vrai que mon pauvre père n’était pas très aimable pour toi…

— Ni pour Michel.

— Il l’aimait je crois, à sa manière. Tiens, viens près de moi, sur le grand fauteuil, je vais te raconter un geste touchant que mon père a eu cette nuit envers notre Michel.

Et la jeune fille avait narré l’histoire du coffre rempli de pièces d’or, et du don des beaux vêtements… La petite fille n’en pouvait croire ses oreilles. Puis, elle avait souri en disant avec conviction : « Cousine, je crois que Michel vient à bout de se faire aimer de tout le monde… quoique souvent, il ne fasse qu’à sa tête. Quand il veut, il veut… »

Les obsèques de M. Perrault eurent lieu le matin du trois juin. L’église de Notre-Dame se remplit d’une foule distinguée, en tête de laquelle,