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Le voyant bien disposé, Michel entama aussitôt la conversation dans son meilleur anglais. Il offrit ses trois belles pommes ; et, peu à peu, très habilement, il posa sa demande. « Il ne voulait certes pas, explique-t-il, faire manquer la sentinelle à son devoir, mais s’il lui était possible, au capitaine, de le laisser se glisser à l’intérieur des murs, dès qu’une occasion se présenterait. Eh ! il se faisait fort, lui, Michel, d’y courir sans qu’on le vît ». Le soldat haussait les épaules, et refusait du geste, tout en dévorant à belles dents une des pommes. On frappa tout à coup tout près de l’intérieur. La sentinelle courut aux portes en soufflant à Michel : « Take care, boy !  »

Les portes s’ouvrirent. Cinq ou six soldats sortirent. Le petit garçon, qui s’était dissimulé derrière une des ouvertures, penchait la tête pour voir ce qui se passait. De très bonne humeur, les soldats commencèrent à blaguer la sentinelle, et l’un d’eux lui enleva prestement de la main droite une des pommes de Michel. Avec des rires, les autres soldats s’empressèrent et se mirent à fouiller leur camarade. L’on tomba bientôt sur la troisième pomme que le petit garçon avait donnée… La joie devint bruyante. La surveillance se relâcha… Tout doucement. Michel mit à profit cet incident, et se trouva bientôt dans la cour de la prison. Il la traversa posément comme s’il eût été parfaitement en rè-