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vous aime plus… Bien au contraire, allez… Mais, me voici devenu je ne sais quelle loque humaine, non seulement au physique, mais au moral, mais en tout… Je pleure, Mathilde… Je me sens aussi faible qu’un tout petit enfant… Je pleure sur nos rêves, sur notre amour… Pardon… Mais me connaissez-vous assez, bien-aimée, pour me comprendre ?… pour m’approuver ?… Si, comme on commence à l’espérer ici, notre sort s’améliore à tous, ne cherchez pas à me revoir Mathilde… Ne m’enlevez pas mon courage… Ce courage d’honnête homme que je conserve encore… Je mourrai… sans doute bientôt. Ce sera la délivrance…

Mathilde, je vous aimerai éternellement, mais dans le secret de mon cœur, si cruellement éprouvé, au moment même où la coupe du bonheur semblait remplie jusqu’aux bords…

Je ne regretterai que vous… car jamais, jamais le sacrifice offert à mon pays ne m’arrachera la moindre plainte… Non, ce que j’ai fait, je l’ai accompli comme un devoir sacré, et dans la plus entière sincérité de cœur… Je regrette d’avoir désobéi à la voix de l’autorité religieuse… Mais j’ai confiance que Dieu me le pardonnera… J’ai expié, ici, je crois.

Embrassez ma petite Josephte. Elle vous appartient autant qu’à moi. Mathilde… Quel soulagement je ressens quand je la sais sous la protection de votre tendresse… Votre tendresse !