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— Non ! C’est Olivier qui me l’a donné.

— C’est-à-dire que je le trouve trop beau pour notre voyage.

— Je vais aller mettre une tuque blanche. Attends-moi, ici.

— Tu n’en as pas une noire, Josette ?

— Non, mais une brune.

— Eh bien ! cours la mettre.

Quelques minutes plus tard, sept heures sonnaient à l’horloge du vestibule, et les enfants se mettaient en route. Le ciel s’était éclairci. Le vent était tombé. Le soleil fit son apparition. Il faisait un peu froid tout de même. De deux en deux heures, on faisait halte. La petite fille n’était pas habituée à ces marches forcées où le cœur se remplit de crainte, dès qu’une voiture ou un bruit de voix s’entendait. Le soir, vers huit heures, on fut près de Saint-Charles ! Quel spectacle s’offrit à leurs yeux, dans ce village pillé, brûlé, où s’entassaient ruines sur ruines. Michel avisa une grange, que les soldats avaient, par miracle, épargnée. À la faveur de l’obscurité, les deux enfants purent s’y installer commodément, manger et prendre du repos jusqu’à l’aube.

— Tu as de l’argent, Michel, souffla assez bas, Josephte, en voyant diminuer les provisions dans la besace de son compagnon.

— Oui, oui, répondit celui-ci, je l’ai caché dans la doublure de mon vieux capot d’étoffe du pays. Ça ne se verrait pas du tout si on voulait me fouiller. Mais tu n’en parleras pas,