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— Oui, Monsieur, avait répondu Michel la voix triste, bien lasse.

— Lève la tête, oui, tu en as une marque à la joue ! Eh bien, ta maladresse te coûte-t-elle assez cher ? Tu ne recommenceras pas de sitôt, j’espère ? tu ne me réponds pas ?

— Je vous en prie, Monsieur, laissez-moi…

— Tu as raconté à ma fille, je suppose, que je t’avais frappé durement ?

— Non, Monsieur. Elle a cru que j’étais tombé sur le coin d’un meuble. Je n’ai répondu ni oui, ni non.

— C’est très bien cela. Je ferai un homme de toi. Tiens, pour t’en récompenser, prends le pot de pommade qui se trouve sur mon bureau et frotte-t-en la joue avant de t’endormir… Et maintenant, va-t-en. Éteins la chandelle… ; Eh bien, qu’est-ce que tu attends ?

— Bonsoir, Monsieur, fit Michel avec crainte. Dormez bien, Monsieur.

Et toute la nuit, la pensée de M. Perrault fut obsédée par ce dernier mot de Michel. Il entendait sans cesse ce Dormez bien. Monsieur. Cela lui paraissait comme une musique, une douceur jusqu’ici inconnue pour lui. Comment ! cet enfant qu’il brutalisait en actes et en paroles, chaque fois qu’il le pouvait lui voudrait du bien… C’était impossible ! Il y avait là une fourberie inconsciente d’enfant. Ce Michel n’était pas bête, loin de là.