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quelque temps ainsi. Il allait sortir, après avoir recouvert la morte d’un drap, lorsqu’il entendit des cris, des vociférations, mêlés à des pleurs et au bruit, lui semblait-il, d’un fouet qui siffle en retombant. Il écouta encore. Ces pleurs ? Mais c’étaient ceux de Josephte !

Grand Dieu ! Que se passait-il ?… On s’était battu cet après-midi à St-Charles… Dans les moments où la fièvre lui laissait du répit, Olivier avait entendu le Dr  Cherrier l’apprendre à sa grand’mère. Mais alors ?… les soldats étaient venus jusqu’ici… dans son jardin… Ils étaient victorieux, peut-être… Et on venait le chercher… Ah ! Dieu ! ces cris de Josephte… Olivier descendit comme un fou.

Quelques secondes plus tard, le jeune homme, pris de rage, détachait d’un arbre le petit Michel qu’un soldat ivre fouettait en criant : « Speak, where is Mr  Precourt, if he is not in the house, speak ! » Puis, Olivier saisit le soudard à la gorge de sa seule main gauche. Il allait, de sa force nerveuse décuplée, lui créer un mauvais parti lorsque deux officiers anglais débouchèrent à droite. L’un empoignait le bras valide d’Olivier tandis que l’autre, d’un coup de pied et d’un retentissant : « Shame ! », envoyait rouler à quelques pas le lâche agresseur du petit Michel.

— Je vous demande pardon pour cette brute, M. Précourt, dit l’officier dans un français assez bon et en saluant froidement. Olivier re-