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mez pas ainsi… Mais… qu’y a-t-il ? Vos yeux sont fixes, remplis d’une frayeur sans nom !

— M. Olivier, retournez à votre chambre… de grâce ! reprit Sophie, dont les mains tremblaient tout en repoussant le jeune homme.

— Certainement, ma bonne Sophie, mais laissez-moi auparavant aller souhaiter une bonne nuit à grand’mère. Voyons, Sophie, qu’avez-vous à me rudoyer ainsi ? Vous voyez bien que mon bras malade m’empêche d’être victorieux de vous ?

— Je ne veux pas que vous entriez ce soir chez madame Précourt… Ah ! mon Dieu ! M. Olivier, M. Olivier… vous ne comprenez donc pas… je viens de la voir… et je crois qu’elle est… qu’elle est…

Olivier poussa un cri et bondit cette fois jusqu’à la chambre de l’aïeule. Il se précipita vers le lit et aperçut, en effet, sur le visage toujours gracieux, tendre et doux de son aïeule les marques indéfinissables mais sûres, hélas ! du passage de la visiteuse sans merci : la mort.

Il tomba à genoux avec un sanglot. Sa main gauche saisit les mains diaphanes, ses lèvres s’y appuyèrent. Des teintes déjà cireuses couvraient les doigts froids mais non raidis. Il y avait peu de temps, il le comprenait maintenant, ces mains avaient frôlé son front fiévreux, en une dernière et suprême bénédiction. Il pria