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heure à mettre en ordre certains papiers importants, puis, pour mieux donner le change, fit un peu de toilette. Sa grand’mère, en le voyant paraître ainsi, avait souri de plaisir. On avait causé jusqu’à dix heures très doucement. L’aïeule ne s’était pas départie un instant de la fine grâce affectueuse qui lui était si particulière. Quel effort avait fait Olivier pour paraître intéressé aux mêmes choses quotidiennes, tandis que son cœur se serrait, que son oreille, attentive au moindre bruit, croyait toujours entendre quelque bruit inusité au dehors. Enfin, on se sépara.

La demie de onze heures sonnait dans la maison enveloppée de nuit et de silence lorsqu’Olivier, encore occupé à sa table de travail, perçut des pas rapides sur le gravier de l’allée du jardin. Il descendit rapidement, ouvrit sans bruit la porte et accueillit, un doigt sur la bouche, le visiteur tardif. Il reconnut en lui le capitaine Lacasse, de Saint-Denis. Ils montèrent. Bien enfermés dans la chambre d’Olivier, où ne dormait pas ce soir-là Michel, retenu au village chez mesdemoiselles Dormicour, mortes d’effroi depuis l’annonce des troupes, les deux hommes purent causer à leur aise. Olivier apprit alors la grave nouvelle de l’arrestation du lieutenant de Sa Majesté, George Weir, envoyé en éclair auprès de Gore à Sorel. Ses déclarations admettaient l’arrivée