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déjà descendu le fleuve jusqu’à Sorel.

Le vingt novembre, ce dernier fait fut confirmé. Gore allait même partir bientôt de Sorel, à la tête de plusieurs compagnies de fusilliers. Il projetait de rejoindre la petite armée du colonel Wetherall à Saint-Charles, venue de Montréal et ayant traversé à Saint-Hilaire.

Mais aux villages de Saint-Denis et de Saint-Charles les forces furent organisées rapidement. On jura que ni Gore à Saint-Denis, ni Wetherall à Saint-Charles ne passeraient sans qu’il leur en coûtât. L’élite des patriotes les attendait !


XVI. — SAINT-DENIS !


Olivier n’avait pas tenu sa grand’mère au courant de la gravité extrême des derniers événements. À partir du seize novembre, date de l’émission des mandats d’arrestation à Montréal, contre Papineau et les chefs principaux des patriotes, le jeune homme jouait un double jeu terrible et exténuant. Il s’efforçait d’être calme, sans inquiétude, dès que l’aïeule paraissait et l’interrogeait anxieusement du regard. Chaque après-midi, sous prétexte d’affaires, il s’éloignait pour ne revenir que tard dans la soirée. En son absence, la consigne était donnée : nul n’approchait de la vieille dame sans que Sophie, dont le dévouement se montrait sans bornes depuis les dernières crises