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habiter sur le bord d’elle-même. Allait-elle donc le quitter ? Bientôt ? Il ne s’y résignait point. Il entretenait de ses craintes, non seulement le Dr Cherrier, le médecin de famille, mais aussi le Dr Duvert, de Saint-Charles. Il avait supplié ce dernier de venir visiter son aïeule, aussi souvent qu’il le pourrait. Le sachant très physionomiste, d’une divination presque miraculeuse, parfois, en sa profession, il aimait à le consulter sur l’impression ressentie à chaque nouvelle visite, non officielle, cependant. Et l’aïeule, toujours accueillante pour ceux qu’Olivier aimait et auxquels il accordait sa confiance, tentait de donner le change. Elle se prêtait même aux discussions politiques, entre le Dr Duvert et Siméon Marchessault, de Saint-Charles, et le Dr Cherrier, de Saint-Denis. Étendue sur sa chaise longue, sa main dans celle d’Olivier, elle empêchait souvent la véhémence de tous de s’aggraver, avec quelques mots ironiques, aussi spirituels que tendres ou modérés. Olivier, qui l’observait et parlait peu, l’admirait en s’attristant. Depuis, en effet, qu’il avait constaté ce changement pénible dans la maladie de sa grand’mère, il s’était abstenu de plus en plus de prendre directement part aux entretiens de ses amis.

La veille de l’assemblée de Saint-Charles, Olivier rentra très tard chez lui et trouva Josephte en pleurs près de sa chambre. La petite fille, en toilette de nuit, avait les mains gla-