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vivant et priant sous le voile et la guimpe. »

Mais au fond de lui-même le jeune homme était rempli de craintes. Mathilde était parfaitement dévouée à son père et ne le heurtait jamais en rien. C’était bien la première fois qu’elle osait s’opposer à ses vues. Soutiendrait-elle longtemps ce rôle difficile ? Lui parti, elle se sentirait moins brave, moins encouragée sans cesse, moins impressionnée surtout par la vue d’un amour aussi ardent, sincère et profond que le sien.

Il ne put méditer longtemps sur ces angoissantes questions car le capitaine du bateau s’approcha et engagea la conversation sur les événements récents… La démission du lieutenant-colonel Ignace Raizenne, qui avait refusé de lire l’ordre de milice du 21 juin à la tête de son bataillon, enchantait le capitaine. Il ne se lassait pas d’en parler. Il le connaissait, ce vieil ami, cet officier aux cheveux blancs, ce vétéran de la guerre américaine de 1813.

« Il lui avait été impossible, et c’était les paroles mêmes du lieutenant-colonel Raizenne que répétait le capitaine, il lui avait été impossible, M. Olivier, sans souiller ses cheveux blancs et la cause sacrée qu’il servait, de lire la proclamation du gouverneur. »

Le capitaine se frottait les mains au comble de l’enthousiasme.