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tion pour la blonde Josephte. Elle se promettait bien de détruire en elle tout vestige de rusticité, qui rappellerait l’origine de sa mère, d’une vieille et bonne famille du terroir, pourtant. Mais depuis quelques temps, la petite Josephte ne lui semblait plus aussi soumise. Le caractère débonnaire et rieur de son frère l’attirait davantage. Le sérieux et la distinction de la sœur aînée échappaient sans doute encore à cette enfant.

Marie Précourt pensait justement à ce changement d’humeur chez la petite fille lorsqu’elle l’aperçut, en ce beau matin de mai, assise sous les arbres et mangeant une tartine en compagnie d’un petit gueux des environs. Vraiment cela devenait intolérable ! À quoi pensait cette fillette d’agir ainsi ? Allons, elle allait sévir et essayer de l’impressionner sur une conduite tout à fait répréhensible.

Le front hautain, les yeux sévères, elle s’approcha des enfants :

— « Que fait ici ce mendiant, Josephte, et depuis quand te permets-tu de faire ta compagnie des petits vauriens ?… Allons, file, toi, va-nu-pieds, et que je ne te reprenne plus à faire la paresse sous nos arbres. »

Étonné du ton sec et froid de la jeune fille, la sœur pourtant de l’aimable enfant qui venait de causer avec lui, le petit garçon, d’abord, demeura coi, mais aux mots blessants de vau-