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— Oh ! non. Il va me gronder quand il apprendra cela.

— Mais, alors, pourquoi as-tu agi ainsi ?

— Mademoiselle, c’est parce que M. Olivier, hier, alors qu’il vous regardait aller avec des yeux tristes, m’a parlé de vous comme d’une belle princesse qu’il aimait, mais qui, elle, ne l’aimait plus…

— Il a dit cela, Michel ?

— Oui, oui !… mais, vous n’allez pas pleurer encore… ma princesse !… Laissez-moi vous appeler ainsi.

— Non, petit… Ce sont des larmes de joie que je verse. Ne te chagrine pas. Figure-toi que moi aussi, je croyais qu’Olivier ne m’aimait plus…

— Oh ! mon maître n’est pas comme cela. Quand il aime, il aime, et c’est pour tout de bon, allez.

Tout à coup, la jeune fille se sentit joyeuse, calmée. Tout cela lui semblait en dehors de la coutume, mais si tendre, si frais. Quelle douceur était partout dans l’air. Elle, si réservée, si distante même, elle en était arrivée à faire des confidences à un garçonnet fort attachant, sans doute, mais enfin, à un enfant. Allons, son secret n’en serait plus un dans quelques heures. Olivier apprendrait tout… À la grâce de Dieu ! Ce ne serait pas la première fois que la sagesse instinctive d’un enfant aurait résolu un problème d’affection.