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— C’est Madame la grande sœur Marie, je sais.

Surpris le jeune homme fixa des yeux perçants sur l’enfant. Toute sa gaieté était disparue.

— Tu es extraordinaire, petit… Mais il faut être plus discret que tu ne l’es. Il y a des choses que l’on peut bien penser, mais que l’on ne doit jamais dire.

— Je ne suis pas toujours ainsi, allez, Monsieur. Tout à l’heure, je n’ai pas dit mon secret.

— Mais alors, pourquoi te permets-tu ?

— Vous me plaisez, Monsieur, vous et la petite Josephte. D’ordinaire, on me traite plus rudement que vous le faites, et partout où je vais. Un petit orphelin pauvre, à quoi ça sert d’ailleurs dans le monde ? Vous, vous êtes bon, comme j’en connais peu, allez.

— Pauvre enfant ! fit le jeune homme. Allons, va manger ta tartine… Ne pense plus aux choses tristes. Elles le sont davantage quand on s’arrête à y penser. Puis, fais diligence auprès du docteur… Quitte-moi ici. Fais le tour de la maison. Je rentrerai seul par la porte en avant.

Les deux enfants, installés sous un orme, mangèrent de bon appétit leurs tartines. La petite fille força son compagnon à boire le lait contenu dans un petit gobelet d’argent qui portait son chiffre.

— Je bois du lait pour obéir à grand’mère, Michel. Je n’aime pas cela.

— Si tu en étais privée comme moi, tu chan-