Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sanglot.

— Perrine, voyons, qu’est devenu ton esprit chrétien. Il faut vouloir tout ce que Dieu veut, comme il le veut… Mais dis-moi, avant que le docteur entre, elle est jolie, ta petite belle-sœur ?

— Jolie et frêle, trop frêle, madame. Et quel amour elle a pour mon frère. Elle ne le quitte pas des yeux. Le petit Pierre est ravissant, mais délicat de santé, comme sa mère, j’en ai peur. Il m’a déjà souri. Nous serons de bons amis.

— Par quel navire sont-ils venus ces enfants ?

— Par le vaisseau nantais. À bord se trouvaient, figurez-vous, M. d’Ailleboust, de Coulonges, M. de Maisonneuve et… quatre Messieurs de Saint-Sulpice à destination de Ville-Marie. Tous ces voyageurs, sauf notre ex-gouverneur d’Ailleboust sont demeurés à l’île d’Orléans, chez les Maheu.

— Mais c’est intéressant tout cela.

— Charlot amène au Canada son beau-frère, André de Tenancourt. Il n’est plus très jeune, paraît-il, ayant trente-cinq ans environ. Son humeur est taciturne, son esprit railleur, son cœur insensible. Mais son courage et son intelligence rachètent tout, dit mon frère auquel je dois ce portrait moral, ajouta Perrine en riant. Nous le verrons cet après-midi, car, quoique ne le témoignant pas extérieurement, il adore sa sœur, qu’il a un peu élevée, étant devenus, tous deux, orphelins très jeunes.