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— Tant mieux. Je respire. Je craignais une nouvelle perfidie de la part de ce deuxième messager de M. de Maisonneuve. C’est pour m’assurer de sa fidélité, ou pour y suppléer, que j’ai fait des lieues et des lieues pour vous rejoindre. Il fallait bien vous mettre en garde, songer avec vous aux moyens de fuir le plus tôt possible. Votre mort est certaine si vous demeurez ici.

— Merci, Le Jeal, dit le Capitaine en serrant la main de Charlot. Vous ne serez certes pas de trop parmi nous. Pierre Radisson et vous connaissez si bien l’humeur des Iroquois. Vous faciliterez notre plan d’évasion dès qu’il sera définitivement au point.

— Ce Radisson ! Malgré ses vingt-deux ans, il possède en effet une finesse, une perspicacité que nous lui envions tous, n’est-ce pas, Dupuis ? Je serai content de revoir cette ancienne victime, tout comme moi, de la cruauté iroquoise.

— Lui aussi en sera content et vous admire comme vous l’admirez.

— Le père Ragueneau va bien, Capitaine ?

— Oui, Le Jeal, ce jésuite est incomparable de bonté, d’entrain, de souplesse d’humeur. Les sauvages accourent où qu’il se trouve. Ils l’écouteraient des heures et des heures leur parler tantôt avec véhémence, tantôt avec douceur et tendresse. Tiens, nous voici à la première palissade du fort. Elle est solide, je vous assure.

— Sans doute, mais ces Agniers une fois