Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/154

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Charlot, reprit d’un ton presque irrité André de Senancourt, est-ce que tu aurais aimé à voir naître d’abord de la pitié, dans les sentiments de ma sœur à ton égard ?

— Non, non, sans doute, fit vivement celui-ci. D’ailleurs, elles sont totalement différentes, Lise et Perrine. Chez l’une, la sensibilité domine, chez l’autre, la réflexion. Bah ! un homme de ta valeur, André, finit toujours par imposer sa volonté à une femme…

— Le passé, tu l’oublies singulièrement en parlant ainsi, s’écria André, les dents serrés, le regard mauvais. Le passé ! Mon passé ! Tu le connais pourtant.

— Tu ne m’as pas laissé finir, reprocha Charlot. Je veux dire qu’un homme de ta valeur impose tôt ou tard sa volonté à la femme qu’il aime, si cette femme a de l’intelligence, un noble cœur et n’aime pas ailleurs. Perrine est tout cela et a le cœur libre. Tu le sais. Alors ?

— Tu raisonnes en homme heureux. Ton expérience est courte… Tiens, tout me navre assez, en ce moment, pour désirer qu’une bonne balle dans le cœur y mette fin… Mais je suis croyant, ne fais pas ces yeux, Charlot, je vais vivre, prendre soin des tiens, de tous les tiens, c’est promis. Avoue tout de même que certaines existences semblent touchées par une sorte de… de mystérieuse malédiction, finit-il plus bas.

M. Souart s’était rapproché sur ces derniers mots. Depuis quelques minutes, par discrétion, il s’était attardé auprès du sauvage.