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réflexion de Jeanne Mance avait comme refoulé aussitôt sa douleur.

— Vous êtes à l’hôpital, enfant. Tous les maux se guérissent, ici, ceux du cœur comme les autres. Allons, venez avec moi, dans mon oratoire, puis nous préparerons une petite pharmacie d’urgence pour votre brave et trop charmant mari. Oh ! je le connais tout aussi bien que vous, allez, lui ayant fait plus d’une remontrance en ces séjours de jadis à Ville-Marie. Mais il échappe à tout conseil de prudence, ce bouillant soldat, et avec une insouciance qui nous désarme…

— Il est délicieux !

— Oui, oui, je sais. Ne nous répétons pas. Mais avant que je baigne vos yeux, petite, dites-moi, que pense la sage Perrine de ce voyage de Charlot chez les Iroquois ?

— Sa résignation m’étonne. Elle regrette surtout pour moi l’éloignement de son frère.

— Évidemment, elle connaît si bien Charlot. Puis, chez cette jeune fille la tête l’emporte souvent sur le cœur. Mais en sera-t-il toujours ainsi ? Tôt ou tard, le cœur prend sa revanche chez des natures aimantes et fines comme votre belle-sœur. Et votre frère ? Le sérieux et un peu mélancolique André de Senancourt ? Que dit-il ?

— Il envie Charlot, vous le pensez bien. Je lui ai demandé de venir demeurer avec nous en l’absence de Charlot.