Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/144

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dont Lise avait connu la fille aînée, Catherine-Alphonsine, comtesse de Choiseul. La chambre de l’infirmière dégageait beaucoup de chaleur sympathique. Elle venait moins, certes, de la grosse bûche ronflante qui garnissait la cheminée que d’une sorte de gracieux agencement des meubles, tentures, portraits et pieux souvenirs de la vieille France jamais oubliée. Et, surtout, il y avait la présence, l’action d’une forte et riche personnalité.

Lise entra aussitôt en matière.

— Chère Mademoiselle Mance, mon mari part demain matin. Le saviez-vous ?

— Vous me l’apprenez, ma pauvre petite. Mais à vrai dire, le voyage se préméditait depuis déjà quelque temps. Vous ne vous en doutiez pas ?

— Je ne voulais pas y croire. Je chassais cette pensée de mon esprit. J’y mettais toutes, toutes mes forces. Folle petite personne que j’étais, n’est-ce pas ?

— Vous aimez à vous qualifier ainsi, mon enfant, mais jamais votre mari, n’est-ce pas ? dit l’infirmière en souriant. Elle approcha sa chaise davantage. Elle prit la main de Lise dans la sienne. Ne voyait-elle pas poindre des larmes dans les yeux de l’aimante jeune femme ?

— Oh ! Mademoiselle, reprit Lise, je comprends trop la nature active et l’humeur héroïque de mon mari pour oser lui reprocher quoi que ce soit. Je l’aime d’ailleurs ainsi. Et quand