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Un coup d’œil sur la patère dans un coin de la pièce lui fit conclure à l’absence du jeune homme. Une porte d’ailleurs, au fond de la pièce, communiquait avec la rue, et sans doute, Michel était sorti par ce côté. Un peu contrarié, mais y étant tenu, Amable Berthelot commença des recherches, sur le bureau de son compagnon. Une feuille pliée en quatre attira son attention. Il l’examina. Il lut soudain entre les alinéas d’une page de jurisprudence ces mots, qui étaient certes étrangers à cette science : « Josephte, ma petite Josephte, comment vivre longtemps, ici ; sans te voir… je retournerais volontiers aux États-Unis plutôt que de subir cette torture… Je t’aime, Josephte !… Que tu étais belle, en ton jardin, ô ma pure enfant, ce dimanche… » Avec dépit, et confusion, Amable Berthelot replia le papier et ne poussa pas plus loin ses perquisitions. Le dossier attendrait encore le précieux document. Mais le soir, alors qu’il fumait dans sa chambre, tout en lisant la Minerve, cet incident lui revint à l’esprit et lui expliqua l’attitude misérable et triste de Michel. C’était un amoureux sans espoir. Et alors, Maître Amable Berthelot, qui avait, au contraire, la bonne fortune d’aimer et d’être payé de retour, se promit d’aider discrètement à Michel. Sa chère Mlle  Bédard, qu’il mettrait dans la confidence, lui apporterait sa