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tandis qu’il mettait enfin la main sur les papiers dont le premier ministre était si anxieux de sauver du feu. Des bois enflammés l’avaient atteint lourdement à l’épaule. Il était demeuré là sans pouvoir bouger, des minutes interminables. De temps à autre, il appelait au secours. Enfin, un pompier l’avait entendu et délivré. Il était temps. Atrocement brûlé, il perdait peu à peu conscience de tout, mais les documents étaient intacts, et il put même signifier à son sauveur que des choses précieuses que sa main gauche retenait encore avec force avaient besoin de sa vigilance durant le transport à l’hôpital. Puis, la nuit s’était faite complètement…

Lorsqu’il rouvrit de nouveau les yeux et put promener un regard conscient autour de lui, il fut tout étonné de ce qu’il voyait ; une chambre inconnue, aux murs nus et si blancs, si blancs ; une odeur d’éther et de plusieurs autres médicaments frappaient son odorat, et près de lui, mais… à qui appartenaient ces grands yeux bleus aimants qui le regardaient si fixement ? À qui cette petite main qui tenait enlacée sa main gauche ? Et cette voix… Rêvait-il, un délire bienfaisant le saisissait-il enfin ?… Mais la voix s’élevait encore, si douce, si aimante.

— Michel, c’est moi, Josephte… Je suis tout près de toi. Tu es revenu parmi nous, enfin !…