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signalé par la foule, à son entrée. Pour les uns, la haine populaire se manifestait par de sourds grognements ; d’autres étaient accueillis par des rires insultants et des quolibets. L’arrivée des ministres, qui s’amenèrent en corps, fut annoncée d’avance. Ils passèrent préoccupés, distraits, quelques-uns presque renfrognés, au milieu du silence très lourd de la foule, qui ne le rompit pas tout de suite dès que la porte se fut refermée sur La Fontaine et Baldwin, parus les derniers. Soudain, on entendit venir l’équipage du gouverneur. Cette fois encore, le peuple s’abstint de bruyantes manifestations. Un murmure hostile gronda seulement. Lord Elgin salua à maintes reprises avec son affabilité habituelle. Chaque fois qu’il soulevait son chapeau, son large front apparaissait couvert de nuages. Il se doutait que le geste de fermeté qu’il allait poser, serait accueilli de façon alarmante pour la sécurité publique, par ces tories fanatiques qui avaient su ameuter tant d’esprits intolérants incapables de comprendre que le droit et la justice n’existaient pas seulement pour eux, ou se manifestaient de façon différente dès qu’il s’agissait des victimes françaises de la rébellion de 1837-1838. Une fois le gouverneur et sa suite disparus dans l’enceinte parlementaire, la foule devint moins dense aux alentours de l’édifice. Des mots d’ordres furent donnés et bon nombre des émeutiers allèrent stationner à l’entrée des rues avoisi-