Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/277

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Comment ?

— Il y a un monde de choses dans tes yeux agrandis, mornes…

— Je suis fatiguée, je te l’ai dit. Demain, tu me verras tout autre.

— Non, les yeux du cœur ne trompent pas. Ils voient au delà de la lassitude physique.

— Ne compliquons rien, chère, bien chère cousine. Et puis, et la jeune fille se leva, laisse-moi te dire avec affection bonsoir, bonne nuit… Nous avons besoin de repos toutes les deux. Le voyage de Saint-Denis à Montréal nous accable, parfois, tu le sais. Il y a si peu de confort sur les bateaux…

Mathilde Précourt ne put s’endormir très tôt… Elle réfléchissait. Elle revivait les derniers événements, cherchant à deviner ce qui avait amené le geste désespéré de Josephte… Car, c’était bien cela, au fond… Mathilde ne succomba qu’après de longues heures au sommeil… Elle en sortit presque tout de suite, croyant entendre du bruit, non loin d’elle. Doucement, elle se leva, et se glissa dans le corridor. Elle n’entendit plus rien. Elle retournait à sa chambre, lorsque soudain, elle perçut, bien clairement, de gros sanglots étouffés… Elle porta la main à son cœur. Grand Dieu ! ses pressentiments, la veille, ne l’avaient pas trompée. Josephte pleurait, pleurait amèrement, tout près d’elle… Fallait-il qu’elle fût malheureuse