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— Pourquoi ne m’as-tu pas écrit ces vilaines résolutions ? Tu avais le droit de te les imposer, à toi, non à moi, du moins pas sans m’en avertir.

— Mais, justement, je comptais bien que tu m’en voudrais. Ta rancune te séparerait un peu plus chaque jour de moi. Puis tu oublierais…

— Pauvre Michel ! Tes réflexions, tes résolutions, toute la sagesse du monde, d’ailleurs, pourront-elles jamais empêcher le passé d’avoir été ce qu’il a été ? Le jour où mon frère Olivier a mis ta main dans la mienne, en te recommandant de bien veiller sur moi, ce jour-là, Michel, je suis devenue plus que ta petite sœur, j’étais une petite épave vaincue par la tempête, brisée, anéantie, qui allait te devoir tout, qui n’avait plus que toi pour ne pas faire naufrage complètement… Ah ! Michel. Michel, est-ce qu’on peut oublier de pareils instants ? finit Josephte, les yeux pleins de larmes.

— Tu n’es pas raisonnable, Josephte… Calme-toi, je t’en supplie.

— Je ne me féliciterais pas d’être raisonnable en ce moment.

— Mais où veux-tu en venir avec ces navrants souvenirs ?

— À ceci. Jamais, Michel, jamais, tu entends, je ne pourrai penser à toi avec indifférence,… que je t’aime ou non… voilà ! Jamais tu ne