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— Tu parles comme une enfant gâtée, qui ne connaît la vie qu’à travers les barreaux dorés de sa cage.

— Prisonnière de son ignorance, de sa naïveté, n’est-ce pas ?

— De son inexpérience.

— Promets de répondre Michel ? Accorde-moi au moins cela ?

— Soit. Mais j’exige la réciproque. Il se pourrait, moi aussi, que je veuille te questionner.

— Je répondrai.

— Que veux-tu savoir, Josephte ?

— Michel, pourquoi m’as-tu écrit cette lettre si brève, si froide… il y a de cela bien longtemps, hélas ! Ce fut la dernière que j’aie jamais reçue de toi. Car je n’ai pas eu la force d’y répondre… Pourquoi, Michel, as-tu agi ainsi ?

— Josephte, c’est que, soudain, la vie m’a révélé beaucoup de choses. Je ne pouvais plus espérer devenir ton égal, socialement parlant. Tôt ou tard, tu me délaisserais pour quelque beau jeune homme riche… Il fallait donc, au plus tôt, rétablir les distances. Et je préférais que ce fût fait par moi, non par quelques jeunes mondains dédaigneux comme l’autre soir, chez toi.