Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.

conduite, mais je t’aime quand même…

— Moi aussi, moi aussi. Nous serons deux bonnes ennemies, je suis sûre. À demain…

V. — CHEZ LES PRÉCOURT


L’ÉTÉ avait passé rapidement pour Mathilde Précourt et sa jeune belle-sœur. Vers la fin de juin, un voyage aux États-Unis avait été décidé, et l’on avait prolongé le séjour chez des parents, dans le Vermont, jusqu’à la fin de septembre. Les couleurs reparaissaient aux joues de la jeune fille, que des bains à la mer avaient fortifiée. Des excursions de tous genres avaient été organisées en son honneur et, entre autres, une quinzaine dans un hôtel construit au bord de l’océan. Parfois Mathilde Précourt surprenait Josephte à songer, à son ordinaire, les yeux au loin, pleins d’une mélancolie infinie ; même cette rêverie se prolongeait durant plusieurs heures ensuite. Mathilde soupirait. Elle devinait que le passé ressaisissait sans cesse Josephte et l’isolait de tous.

Mais elle se gardait bien de la questionner… Elle savait par expérience que la jeune fille, comme jadis, l’enfant, ne se confiait que difficilement. Une seule fois, ce cœur, un peu fer-