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que moi, n’aimant pas, ces faiblesses me seront inconnues,

— Tu ne feras pas cela, Hélène, tu n’es pas sérieuse, tu ne te joueras pas ainsi d’un cœur ?

— Quels yeux touchants !… Ma pauvre Benjamine, ne prends pas la vie avec ce sérieux. Cela ne te mènera pas très loin, crois-moi.

— Je t’en prie, Hélène, ne parle pas ainsi.

— Candide, est-elle candide, Jules ?… Tiens, il est parti notre cher frère ?… Naturellement, qu’il est parti. Sa cause est entre les mains de ses deux sœurs, maintenant. Très bien, ma petite Blanchette, devenons des rivales pour l’instant. Hé ! j’y pense, mon plan d’attaque ne va-t-il pas faire à la fois le bonheur de mon frère et de ma sœur ? Primo, je sépare à jamais Michel et Josephte. Secundo, je facilite le mariage de Jules. Et enfin, je me sacrifie, je pousse dans tes bras, ma chère, ce Michel adorable et adoré ! C’est magnifique ! Ah ! la vie vaut la peine d’être vécue… avec de pareils objectifs en vue… Mais qu’as-tu, tu ne vas pas pleurer, Blanchette ? Voyons, voyons, remercie-moi, plutôt.

— Tu me fais… horreur !

— Au premier instant, peut-être. Mais tu vas réfléchir.

— Ce sera pis encore.

— J’ai plus d’expérience de la vie que toi.

— Tu le crois !