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nait, parfois, à secouer la tristesse royale. Ce que voyait bien, allez, l’œil envieux de la reine Épine ! Aussi désirait-elle se venger de son innocente belle-fille. Elle lui attribuait, malgré son jeune âge, le peu d’influence qu’elle avait sur le roi. Mais comment s’y prendre ?… Qui l’aiderait dans cette noire besogne contre une mignonne enfant qui n’avait jamais fait aucun mal ? Elle cherchait sans les trouver les complices sur lesquels tout retomberait si elle échouait. Mais voilà, ou on adorait la petite princesse Aube, qui souriait si gentiment à tous, ou on ne la connaissait pas. Elle sortait rarement de ses appartements, et toujours accompagnée d’une bonne et de plusieurs pages. Le roi réservait à sa cour, voyez-vous, la merveilleuse surprise de la voir apparaître, dans tout l’éclat de ses dix-huit ans, un soir de bal, vers les minuit. « Dans quatorze ans, mignonne, dans quatorze ans seulement, ô bonheur, tu connaîtras le monde… et peut-être aussi le prince charmant qui t’enlèvera à mon amour, achevait-il tout bas ». La petite princesse riait de tout son cœur de l’air étrange de son cher papa, dont elle ne comprenait pas du tout les paroles. Et le roi, entendant la musique délicieuse de ce rire d’enfant, se rassérénait. Dans son cœur, il s’avouait que pas un prince, fût-il meilleur et le plus beau des princes, ne serait digne de conquérir l’âme si belle, si