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donjon du temps de Hugues-le-rouge, une relique précieuse, et sous les voûtes de laquelle se trouvaient les premières annales du royaume, écrites de la main du génie puissant Faitout.

Grolo-le-bon regrettait l’incurie de ses sujets, leur mollesse et leur oisiveté. Il avait rêvé d’étendre son royaume, d’abattre les forêts, de relier par des ponts les monts inaccessibles, de fonder de nouvelles villes. Mais les seigneurs de la cour, tout à leurs intrigues et à leurs plaisirs, les grandes dames affolées de toilettes et de danses, riaient entre eux des ambitions du roi. Ils les qualifiaient de ridicules. Ils avaient pour eux la reine, personne frivole, fausse et méchante. Elle bâillait, bâillait à s’en fracturer les mâchoires, lorsque tout marri, le roi lui confiait ses peines. Où bien malicieusement, elle lui répondait : « Mon ami, rappelez-vous ce que dans votre jeunesse on racontait : des génies, que nul être au monde ne pouvait vaincre, habitaient vos hautes montagnes, des fées insaisissables en protégeaient les forêts et sur les lacs, les lacs aux flots perfides et chantants, d’innombrables farfadets lutinaient à mort, soit au crépuscule, soit à l’aurore, les humains qui refusaient de croire en eux. »

Le roi, tristement répliquait : « Que peuvent ces enchanteurs, ô ma reine, et tous les maléfices du monde contre un cœur courageux et fier, contre un esprit créateur ? »

Il s’éloignait. Il montait auprès de sa fille, la petite princesse Aube, unique enfant qu’il avait eut d’un premier mariage, plus heureux, hélas, que le dernier. Quelle ravissante enfant de quatre ans que la princesse Aube ! Par sa grâce, sa candeur et sa beauté, par l’affection qu’elle avait vouée à son père, elle parve-