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— PROLOGUE —


« Il y avait une fois, petits, un vaste, très vaste pays, rempli de montagnes, de forêts et de lacs. Mais les montagnes se hérissaient de telles pointes que personne n’osait les gravir ; les forêts se révélaient si pleines d’embûches qu’on en sortait les pieds et les mains en sang, les vêtements en lambeaux ; et les lacs, les grands lacs aux eaux profondes, comme au soir tombant, ils se couvraient de brumes étranges ! Ah ! pour rien au monde, on se serait aventuré sur ces flots dolents, qui se peuplaient d’êtres gris et difformes.

Comme bien vous le pensez, on n’habitait guère ce vaste pays. Il fallait marcher des milles et des milles, traverser plusieurs lacs avant d’apercevoir la moindre cabane. Seule, la ville, bâtie dans la vallée d’Espoir, montrait une vie intense et comptait une riche population. Qu’elle était délicieuse aussi, petits, la ville sise dans la vallée d’Espoir ! Fondée, il y avait de cela des milliers d’années, par Hugues-le-rouge, premier roi de la dynastie encore régnante, elle ne cessait de prospérer et de s’orner. De nombreux palais de marbre, de fiers châteaux de pierre y voisinaient. Des parcs, des jardins, entouraient les élégantes villas en brique. Et sur une colline, ceinturée de pins séculaires, dominant toutes les riches demeures, s’élevait le palais du roi actuel Grolo, surnommé le bon. Les dimensions du palais du roi, sa splendeur étaient inouïes. Il ruisselait d’or, d’ivoire, de marbre de diverses couleurs. Et les jardins, petits, on les eût cru tracés par la main des fées ! Ils s’étendaient, à perte de vue. Les fleurs les plus éclatantes et les plus embaumées s’y baignaient dans le soleil, ou s’y rafraîchissaient sous la pluie multicolore de ravissants jets d’eau. Dans une partie reculée de ces jardins s’élevait encore un vieux