Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.

restauré, je vous rendrai votre liberté. Voyez-vous, mon enfant, ma dette de reconnaissance serait trop lourde si vous n’acceptiez pas mon invitation… Garçons, ajouta-t-il vivement, en s’adressant aux serviteurs attentifs, et comme pour couper court à l’hésitation de Jean, garçons, vite, apportez-nous, là haut, un fin et succulent repas. N’oubliez pas d’y joindre du vin de votre meilleur crû. »

Le moyen de refuser une offre aussi courtoise ! Jean ne savait plus que dire. Il paraissait de plus fort intimidé. Cette scène avait des témoins qui dissimulaient mal leur surprise. Ces égards, cette souriante politesse témoignés à un bûcheron mal vêtu leur semblaient inexplicables.

L’infirme s’approcha de Jean. Il lui prit avec affection le bras. Il l’entraîna. « Faites diligence », recommanda-t-il une dernière fois aux serviteurs qui s’éloignaient pour exécuter ses ordres.

On s’attabla. Les yeux de Jean s’égayaient. Il sentait revenir son appétit robuste et, avec lui, la naïve aisance de la jeunesse honnête. Malgré lui, il comparait. Depuis plusieurs jours ne mangeait-il pas misérablement ? Assis sur quelque vieille souche de la forêt, il trouvait bien amer le pain qu’il dévorait avec la vision de sa famille en larmes, de son pauvre Blaise, terrassé par le chagrin.

En ce moment, tout était différent. Il avait en face de lui un aimable compagnon. Des