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— Ah ! reprit le duc, cela m’explique tout… Je demande beaucoup à votre pitié, n’est-ce pas ?… je le comprends,… mais mon pauvre petit enfant… mon Jean,… pour rien au monde, voyez-vous,… je ne voudrais l’exposer aux souffrances que j’ai endurées… »

« Comme je pleurais et ne pouvais répondre, mon mari prononça avec fermeté pour nous deux : « Vous pouvez compter sur nous, M.  le duc. Il en sera fait selon vos désirs. Nous le jurons. »

« Au bout de quelques minutes d’un émouvant silence, le duc parla de nouveau : « N’apprenez à mon fils le secret de sa naissance… que si d’impérieuses circonstances vous y obligent… Rendez-vous alors… auprès de mon fidèle ami et cousin, le roi Grolo… Apprenez-lui tout… tout ! Vous parlerez ensuite… à mon fils… Remettez-lui ces papiers. C’est… l’histoire de ma vie… en outre des documents… indispensables pour régulariser… sa situation… à la cour et dans le monde… Maintenant… Madame,… approchez-vous !… Plus près… Ma vue… se trouble… Je voudrais bénir… mon enfant… Merci !… Puissiez-vous être récompensée… de… »

« Il n’acheva pas. Un spasme affreux lui coupait la parole et contractait toute sa figure. Il s’évanouit. Le lendemain, il expirait sans avoir recouvré connaissance… Jean, mon Jean, voici les papiers… »

Le jeune homme les prit en tressaillant, puis reporta les yeux sur les portraits de ses parents. Il pleurait. Leurs regards aimants atteignaient son âme même.

« Vois, Jean, murmura tendrement sa mère adoptive en lui prenant le bras, tu as la prestance du fier officier qu’était ton père ; mais surtout vois comme tu as les yeux à la fois doux et brûlants de ta jolie maman,… moissonnée en plein bonheur, en pleine jeunesse, la pauvre petite !

Un rayon de soleil vint se poser sur les mains fines, ornées de pierreries, de la comtesse Blanche. Jean se pencha et les baisa avec amour. « Petite maman inconnue, si tôt enfuie, murmura-t-il, recevez la caresse