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Surpris, un peu effrayé, Jean se pencha.

« Mère, qu’y a-t-il ?… Pourquoi pleurez-vous ?… Le roi m’aurait-il accusé de quelque faute… Dites ?

— Jean, répondit-elle enfin, en se ressaisissant, je manque de courage et je ne le devrais pas. Mais, vois tu, rappeler les souvenirs, les événements émouvants qui ont entouré ta naissance m’attriste toujours…

— N’en parlez pas.

— Il le faut. Tu dois savoir et l’heure en est venue.

— Mère, cria soudain le jeune homme avec douleur. Oh ! mère… vous n’allez pas, du moins, me dire cette chose cruelle : « Jean, tu n’es pas mon fils ! »… Vous ne me répondez pas ?… Je devine juste ?… Non, non, mère chérie, n’est-ce pas ? »

Il appuyait sa tête sur le cœur de la noble femme qui avait bercé son enfance. Il regardait avidement ses traits résignés, un peu affaissés, non sans beauté. Elle l’enveloppa de ses bras. Tous deux, un moment, se tinrent étroitement embrassés.

Jean releva le premier la tête. Très pale, la figure bouleversée, il demanda d’une voix sourde :

« Mère, de qui suis-je le fils ? Dites-moi maintenant ? »

La noble femme se leva aussitôt et alla droit aux tableaux voilés qui avaient attiré, tout-à-l’heure, l’attention de Jean. Elle en repoussa les couvertures.

« Tu es le fils, Jean, du duc Géo de Clairevaillance, cousin très aimé du roi Grolo, et de la charmante comtesse, Blanche de Beauregard. Tu les vois ici tous les deux. Ta douce petite maman est morte hélas peu de temps après ta naissance. Une malédiction pesait sur tous les membres de la famille royale et tes parents furent les premiers à payer le tribut. Peu de mois après la perte de sa femme bien-aimée, le duc Géo