Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/200

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Désespéré, Jean vint se jeter aux pieds de la princesse. « Altesse, altesse, supplia-t-il, je vous en conjure au nom de ce que vous avez de plus cher, au nom de votre père, notre roi très aimé, ne rendez pas ma mission plus pénible qu’elle n’est. Suivez-moi. Le temps presse… Ah ! me faudra-t-il donc vous sauver malgré vous, pauvre enfant ! »

La princesse frissonna. Ses yeux se fermèrent. Puis, elle prononça, non sans dignité : « Faites comme bon vous semblent, puisque, aussi bien, vous êtes le plus fort. Mais de vous… oh ! de vous, aurais-je jamais attendu pareilles lâcheté et perfidie !… Si du moins, vous consentiez à m’expliquer enfin quelque chose de votre étrange conduite ?… Si vous me disiez pourquoi vous êtes venu un jour troubler un cœur confiant et inexpérimenté ? Je souffre aujourd’hui, par vous, Seigneur…

— Assez, Altesse, assez, s’écria Jean en se relevant. Je n’en puis plus… Je vais tout vous dire. Nous périrons sans doute tous deux ensuite. Qu’importe, ce sera du moins après avoir échangé un regard de suprême confiance… Écoutez-moi… »