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Le gnome garda le silence. Il reprit bientôt, en s’exprimant avec lenteur, les yeux au loin. « Ce sont les émissaires de la fée Envie qui ont enlevé cette enfant, et par ordre, bien entendu, de cette femme méchante… Comme la fée vous hait, tous les deux !… Elle hait, d’ailleurs, tous les cœurs jeunes, charmants et nobles !… Elle va mettre tout en œuvre pour empêcher votre réunion… Qu’importe ! Jean, si tu es prêt à suivre mes indications, comme à te soumettre à la condition que t’impose notre roi, tu triompheras de la terrible magicienne. N’est-ce pas, camarades, que Jean, notre beau chevalier, dont la fière conduite nous fait honneur, peut compter sur notre appui ?

— Certes, certes, chuchotèrent les onze petits vieillards en élevant à deux reprises au-dessus de leurs têtes, leurs mignonnes lanternes.

— Merci, mes maîtres compatissants, dit simplement Jean.

— Eh ! Jean, demanda soudain le gnome-duelliste, un peu de moquerie dans l’accent, tu n’es pas pressé, il me semble, de connaître nos avis et la condition imposée par notre roi ?

— En effet, mais c’est que, voyez-vous, maître, je crois les deviner, répondit Jean en soupirant.

— Un cœur amoureux, eh ! eh ! a toujours d’admirables intuitions ! repartit le gnome en clignant de l’œil. Tu n’as pas tort, Jean, de pressentir que l’enjeu en tout ceci, sera ton amour pour la princesse. Écoute-moi bien, mon fils. Te sentiras-tu capable, une fois en la présence de la blonde enfant, de supporter sa défiance, ses mots cruels, ses dédains, sa rébellion même, car elle peut refuser de te suivre !… Pourras-tu, si la persuasion ne te rend pas victorieux d’elle, user de la force, et, au besoin, l’enlever malgré ses résistances ! car il n’y