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regards effrayés. Je sortirai vainqueur. Sinon, vaillante enfant, vous pleurerez ma mort avec fierté, car ma fin restera digne de ceux que j’aime. Allez… allez maintenant, petite Paule. Parlez quelquefois de moi avec les miens. Adieu ! »


CHAPITRE XIII.

Un bal tragique


Huit jours plus tard, un soir, le palais de Grolo étincelait de lumières. Il y avait bal pour les dix-sept ans de la princesse Aube. La fête devait se clore par la cérémonie officielle de ses fiançailles. La reine Épine, le seigneur de Rochelure triomphaient. Leurs intrigues n’avaient pas été ourdies en vain.

La nuit, tiède, étoilée, parfumée, permettait aux danseurs de se glisser sur la terrasse ou dans le parc. On y apercevait plus d’une robe argentée, plus d’un habit au chatoyant satin. Gracieux, furtifs, rieurs, les couples tournoyaient sous la clarté de la lune. Quelques-uns recherchaient, pour échanger de douces confidences, la lueur discrète des bosquets, où se balançaient des lampes vénitiennes. Mais ce qui ajoutait au charme et au piquant de l’heure, c’étaient les loups noirs que portaient les seigneurs de la cour. Oui, on avait revêtu le masque pour ce bal, qui devait être, sans contredit, le plus brillant de l’année. Et vraiment, chacun usait de ce privilège de carnaval, avec la grâce la plus malicieuse, la plus fantasque !… Des quiproquos naissaient partout et les rires fusaient.

Seuls, le roi et le futur fiancé s’étaient dispensés du fantaisiste accessoire de toilette. À observer le beau Rochelure, on pouvait conclure qu’il regrettait d’être soustrait, par son rang élevé, à la commune obligation. « Trop clairement, se disait-il, sa physionomie devait porter la marque de ses préoccupations. On y lisait,