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Votre mère sera la mienne… Je lui apprendrai bien vite, tout… tout ! Puis je soignerai Blaise… le doux infirme, qui me rappellera Marc… Marc… mon frère chéri !

La figure de Jean resplendit. « Paule, cela, c’est admirable !… Que vous me rendez heureux ! Je n’osais vous prier, moi, d’agir ainsi… On vous aimera, oh ! combien ! chez les miens !… Et Blaise, mon Blaise, pourra-t-il vraiment croire à tant de bonheur !…

Après quelques instants d’un apaisant silence, Jean reprit : « Petite, je vais vous poser quelques questions ? Elles me sont indispensables. Je me débats encore dans la nuit au sujet du meurtre de votre frère. Je vais aller droit au but. Ne me cachez rien.

— Bien, Jean.

— Le meurtrier de Marc, qui est-il ?

— Un serviteur du seigneur de Rochelure. Celui que vous aviez fustigé le jour de notre première rencontre. Il avait juré de se venger et vous cherchait partout depuis cette époque.

— Et c’est sur Marc qu’il est tombé… Étrange ! Mais comment ce serviteur nous a-t-il retracés ?

— Le jour de votre départ pour la forêt il a assisté, caché, à nos adieux. Votre déguisement l’aurait peut-être trompé, mais votre voix lui a tout rappelé… Vous ne l’aviez pas modifiée, voyez-vous, votre voix avec nous… Et puis, à nous observer, Marc et moi, si déférents, si affectueux envers vous… cela a achevé de l’éclairer.

— Vous a-t-il parlé, ce jour-là ?

— Parlé et menacé. Avant pénétré malgré nous au salon, il s’est arrêté soudain, stupéfait, devant une petite toile oubliée par vous dans un angle de la pièce.