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cement le pseudo-receveur, à payer au moins le juste impôt dû à notre roi. Je n’exige rien d’autre, mes amis.

— Ah ! ah ! ah !… rugit la foule, un juste impôt, juste ! avec toi, infâme complice de Rochelure !… ah ! ah ! ah !

— Et puis, tonna soudain l’un d’eux en se rapprochant, penses-tu pouvoir nous berner toujours ? Tu fais le bon apôtre, parce que tu es seul, nous le savons bien ; nous accepterions tes offres que demain, hein, demain, à l’arrivée de serviteurs armés de fouets, on nous chanterait un autre air… Fini, ce jeu, fini, mon rusé compère !… Eh ! là, les amis, rendons nous-mêmes justice en cette cause. Et d’abord, disposons de la carcasse de ce receveur. Lions-le solidement et en route vers le chêne que vous savez.

— Bravo ! allons ! allons ! acquiesça la foule. »

Le chahut devint étourdissant, la mêlée, générale. On se battait. Chacun voulait s’emparer de Jean. Celui-ci, qui avait croisé les bras, regardait le spectacle avec une pitié profonde. « Ô mes bons bûcherons de jadis, soupirait-il, ô hardis compagnons de ma jeunesse, faut-il que vous ayez durement souffert, qu’on vous ait longuement dupés, pour que vous en veniez à cette terrible exaspération de vos êtres paisibles. »

On se calma enfin. Un beau gars solide et fier, mais