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un lac aux eaux lourdes… Au matin du troisième jour, Jean se trouva enfin dans les beaux bois touffus où s’était écoulée son enfance. Il mit sa bête au pas, la flattant doucement de la main. Le fier animal avait bien gagné ce geste de sympathie de son maître.

La tête légèrement relevée, rêveur, Jean allait… regardant autour de lui, rassemblant ses souvenirs. Il s’abandonnait à la douceur de les voir se lever un à un dans son esprit.

Un cor résonna près de lui. Il sursauta. Au même instant une main saisissait avec force sa monture et l’immobilisait. Deux autres assaillants sortirent rapidement d’un fourré voisin. On l’entoura. On le pria sans trop de cérémonie de descendre de cheval. Sous ces épaisses lunettes, Jean examinait ses adversaires. Il reconnaissait en eux des amis d’enfance.

Il voulut parler. On lui enjoignit de se taire s’il ne voulait pas être bâillonné. Jean haussa les épaules. À quoi bon, en effet, s’expliquer… ? La haine est aveugle et sotte. Et quelle haine, il lisait dans les yeux de ses anciens compagnons !… Demain, peut-être pourrait-il le tenter, alors que, démaquillé, vêtu de vêtements semblables à ceux des bûcherons, dont le pourvoirait le sac des gnomes, glissé sous son habit,