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La princesse s’exprimait avec peine, tordant sans relâche ses mains fines et détournant de plus en plus la tête.

Rochelure se mordait les lèvres de dépit.

« Petite fille insensible et cruelle !… Est-ce donc ainsi que vous devriez m’accueillir ? Vous ne le savez que trop, le sentiment que vous m’inspirez est sincère… ah ! combien sincère, ajouta-t-il avec amertume… En votre présence, je ne me reconnais plus !… Que ne feriez-vous pas de moi, si vous le vouliez ?… Aube, reprit-il, et sa voix devint impérieuse, Aube, regardez-moi, je puis du moins vous prier d’avoir cet égard ?

— De grâce, seigneur, ne me tourmentez pas ainsi !… Éloignez-vous !… À quoi bon un tel entretien ? Et pourquoi m’obligerez-vous à prononcer de dures paroles ?

— Dites-les, dites-les, au contraire. J’accepte tout, plutôt que votre indifférence, cria Rochelure exaspéré par la froideur, non feinte, hélas, de la princesse. Il s’approchait. Il saisissait avec une certaine violence les mains de la pauvre petite fiancée sans défense. Elle poussa un cri.

Alors, soudain, sans qu’un geste ou un mot de plus aient été tentés, Rochelure roulait dans la poussière. Un agresseur tombé subitement du ciel, l’entraînait avec force à distance de la princesse.

Rochelure se dégagea non sans peine et vivement fit face à ce singulier adversaire. Qui était-il ?… Une exclamation de fureur lui échappa en reconnaissant en lui son inepte receveur. Pris d’une rage folle, oubliant tout, la présence de la princesse, celle de la dame d’honneur, qui réveillée, accourait au bruit, il fondit sur son pseudo-serviteur à grands coups du cravaches.



Le pauvre Jean s’abattit bientôt, assommé, la figure en sang, une large blessure à la tempe droite. Rochelure